Autriche : le nouveau gouvernement de grande coalition a officiellement prêté serment

Publié le par Jerome moreno herrero

Issu du Système, l'ambitieux Josef Pröll est le Vice-Chancelier (OVP) au côté du Chancelier social-Démocrate Werner Faymann au sein du nouveau gouvernement de grande coalition

Issu du Système, l'ambitieux Josef Pröll est le Vice-Chancelier (ÖVP) au côté du Chancelier social-démocrate Werner Faymann au sein du nouveau gouvernement de grande coalition


Malgré leur cuisante défaite lors des élections législatives autrichiennes du 28 septembre 2008, les deux principaux partis du Système se sont entendus le 23 novembre afin de former un nouveau gouvernement de grande coalition. Mardi 2 décembre 2008, l’actuel président du SPÖ Werner Faymann et le nouveau Président de l’ÖVP Josef Pröll sont devenus respectivement Chancelier et Vice-Chancelier de l’Autriche.

Après la cérémonie grandiose de prestation de serment à Vienne, Werner Faymann est devenu officiellement le 28è Chancelier autrichien tandis que Josef Pröll titulaire du ministère des Finances est le nouveau Vice-Chancelier. Le nouveau gouvernement de grande coalition comprend 18 membres : le Chancelier, le Vice-Chancelier, 12 ministres et 4 secrétaires d’État. Selon l’usage établi en 1987 pour un gouvernement de grande coalition, les 2 “vainqueurs” s’attribuent le même nombre de ministères. Ainsi les Sociaux-démocrates détiennent 9 ministères, les Conservateurs 8 tandis que l’Indépendante Claudia Bandion-Ortner est titulaire du ministère de la Justice.

Après la reconduction de ce nouveau gouvernement de grande coalition, nous assistons à une énième bouffonnerie grotesque. La précédente coalition gouvernementale dirigée par le social-démocrate Alfred Gusenbauer fut un échec désastreux en raison de dissensions internes et de critiques externes du SPÖ. Son éclatement officiel du 9 juillet 2008 provoqua les élections législatives anticipées du dimanche 28 septembre à l’issue desquelles les 2 principaux partis du Système subirent un camouflet cinglant tandis que les 2 formations de droite nationale (FPÖ de Heinz-Christian Strache et BZÖ de Jörg Haider) enregistraient une progression fulgurante.

Afin de conjurer tout retour de la droite nationale autrichienne au gouvernement (1999-2006), les sociaux-démocrates et conservateurs durent se résigner à reformer un gouvernement de grande coalition malgré leurs évidentes divergences politiques. Leurs bonnes résolutions du 23 novembre dernier constituent une véritable farce politicienne tandis que leur prétendu volontarisme politico-économique face à l’actuelle crise financière et économique tient de la posture grotesque. Très rapidement les vainqueurs politiques seront le FPÖ du député viennois Heinz-Christian Strache et de l’eurodéputé Andreas Mölzer (propriétaire de l’hebdomadaire “Zur Zeit“) ainsi que le BZÖ de Herbert Scheibner.

Décryptage et aperçu chronologique de la politique autrichienne de 2006 à 2008.

Les élections législatives autrichiennes du 1er octobre 2006 furent un échec pour le Chancelier Conservateur Wolfgang Schüssel, alors président de l’ÖVP. Pourtant elles ne constituaient pas une victoire pour les Sociaux-démocrates dirigés par Alfred Gusenbauer. Au bout de 3 mois de pénibles et d’interminables négociations politiciennes, les 2 principaux partis du Système se résolurent à former un gouvernement de grande coalition qui vit le jour le 11 janvier 2007. Alfred Gusenbauer devint officiellement le 27è Chancelier de l’Autriche tandis que Wilhelm Molterer, nouveau dirigeant de l’ÖVP et titulaire du ministère des Finances était Vice-Chancelier. Ce gouvernement resserré comprenait 16 membres (8 SPD, 8 ÖVP). Les dissensions internes apparurent très rapidement tandis qu’Alfred Gusenbauer essuya de sévères critiques de sa formation politique qui lui reprochait de faire trop de concessions aux conservateurs.

Le 16 juin 2008, Gusenbauer est forcé de quitter la présidence du SPÖ qu’il exerçait depuis 8 ans au profit de Werner Faymann, alors ministre des Transports, de l’Innovation et de la Technologie. Lors du 40è Congrès de ce parti fondé en 1889, Werner Faymann devint officiellement président du SPÖ le 8 août 2008.

Entre temps, 53,4 % des électeurs irlandais avaient refusé le Traité de Lisbonne. Malgré une opinion eurosceptique majoritaire en Autriche, ce funeste traité européiste fut ratifié par la voie parlementaire tandis qu’à l’époque le recours à un référendum était totalement exclu. Le 9 avril 2008, le Conseil National (Chambre basse) le ratifia par 151 voix contre 27 et aucune abstention. Le 24 avril 2008 le Conseil Fédéral (Chambre Haute) le ratifia par 58 voix contre 4 et aucune abstention.

Après le coup de tonnerre irlandais, Alfred Gusenbauer en accord avec Werner Faymann décidèrent que tout changement ultérieur opéré sur le Traité de Lisbonne devrait être ratifié par voie référendaire et non plus parlementaire. Le 26 juin 2008 dans un article courageux publié dans le quotidien “populiste” Kronen Zeitung, Gusenbauer persiste et signe en écrivant que désormais tout nouveau traité européen soumis à l’Autriche serait ratifié par référendum et non plus par la traditionnelle voie parlementaire. Cette prise de position due à la montée de l’euroscepticisme au sein de l’opinion publique autrichienne provoqua des réactions courroucées tant au sein du SPÖ que de l’ÖVP. Le Vice-Chancelier et ministre des Finances, Wilhelm Molterer désavoua publiquement Gusenbauer tandis que le 9 juillet 2008 les Conservateurs se retirèrent officiellement de ce gouvernement de grande coalition.

Cette désagrégation gouvernementale provoqua les élections législatives anticipées du 28 septembre à l’issue desquelles les 2 principaux protagonistes subirent des déconfitures historiques. Wilhelm Molterer dût se résoudre à abandonner la direction de l’ÖVP au profit de l’ambitieux Josef Pröll, devenu officiellement président le 28 novembre. Ancien ministre de l’Agriculture, des Forêts, de l’Environnement et de la Gestion des Eaux au sein du gouvernement de Gusenbauer, Josef Pröll est donc actuellement le nouveau Vice-Chancelier et ministre des Finances.

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