Traité de Lisbonne : second référendum pour l’Irlande en octobre 2009 et la résistance tchèque continue

Publié le par Jerome moreno herrero

Signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 par les 27 chefs d'Etats de l'UE, le Traité de Lisbonne a été ratifié par voie parlementaire dans 25 des 27 Etats membres

Signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 par les 27 chefs d'États de l'UE, le Traité de Lisbonne a été ratifié par voie parlementaire dans 25 des 27 États européens


Le Traité de Lisbonne et la position officielle de l’Irlande constituent les thèmes majeurs et cruciaux du Sommet de l’Union Européenne (UE) qui se déroule sur deux jours (jeudi et vendredi 11, 12 décembre) à Bruxelles. Après divers et récents propos diplomatiques, il est désormais établi que les électeurs irlandais seront de nouveau appelés aux urnes en octobre 2009 afin de se reprononcer (favorablement, espèrent les eurocrates) sur le Traité de Lisbonne. Pendant ce temps, la résistance tchèque s’organise si bien que ce funeste Traité européiste n’entrera vraisemblablement pas en vigueur avant le début de l’année 2010. A présent seuls 2 États sur les 27 de l’UE ne l’ont pas encore ratifié par la voie parlementaire tandis que la signature du président conservateur polonais Lech Kaczynski est attendue avec impatience par les eurocrates bruxellois.


Manœuvres diplomatiques et jeu de dupe

Un intense ballet diplomatique s’est activé courant novembre sur l’ensemble du continent européen. Dans le cadre de la préparation du Sommet européen de Bruxelles des 11 et 12 décembre, l’actuel président du Parlement Européen Hans-Gert Pöttering s’était rendu en Irlande le 25 novembre afin d’obtenir des autorités politiques et gouvernementales une position consensuelle sur le Traité de Lisbonne. Le démocrate-chrétien Pöttering avait su se montrer tantôt patelin, tantôt menaçant avec les parlementaires irlandais, partisans de négociations à long terme avec leurs partenaires européens. Après sa rencontre avec les dignitaires ecclésiastiques de la Conférence Épiscopale, Pöttering avait quitté satisfait l’Irlande puisque ses politiciens veules et sans paroles avaient évoqué à vive voie l’option d’organiser un deuxième référendum à propos de ce fameux Traité.

Le même jour mais à Prague, le ministre irlandais des Affaires Européennes Dick Roche déclarait que son pays organiserait un deuxième référendum uniquement après des négociations serrées et l’adoption de modifications dans les domaines militaire, fiscal et éthique. Or ces négociations avec les eurocrates bruxellois doivent démarrer dès le 11 décembre pour se poursuive durant plusieurs mois.

De son côté le ministre irlandais des Affaires Étrangères Michael Martin a précisé qu’il avait rencontré plusieurs représentants de la présidence française de l’Union Européenne et discuté avec d’autres technocrates européistes tandis qu’une entrevue avec Hans-Gert Pöttering était également à l’ordre du jour.

Le premier ministre irlandais Brian Cowen s’est focalisé sur “une feuille de route” dont il égrène les détails au fur et à mesure de ses diverses escales européennes. Les points litigieux qui exigent un débat approfondi et des négociations poussées concernent la neutralité de l’Irlande, la conscription au sein de la future armée européenne, la suppression évoquée d’un poste permanent d’un Commissaire Européen irlandais au sein des structures de l’UE, la possible perte de contrôle de la politique de fiscalité et enfin la question épineuse de l’avortement.

Et puis Brian Cowen s’est transformé en véritable commis voyageur ce qui l’amena à effectuer de courtes escales dans les différentes capitales européennes. Ainsi le 28 novembre à Stockholm, au terme d’une rencontre avec son homologue conservateur suédois Fredrick Reinfeldt, Brian Cowen se montre très évasif sur l’organisation d’un deuxième référendum en Irlande. En revanche la semaine dernière à Berlin, à l’issue d’un long entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel, il exhorte ses partenaires européens à respecter le choix des électeurs irlandais le 12 juin dernier et à prendre en compte les préoccupations légitimes de ses concitoyens. Un Brian Cowen volontairement sibyllin et bien difficile à cerner car son but secret est l’organisation d’un deuxième référendum avec cette fois à la clé un OUI massif des Irlandais à ce funeste Traité européiste.


Chronologie de l’européisme en Irlande

Viscéralement attachée à la souveraineté nationale, le Sinn Fein batailla farouchement contre le Traité de Lisbonne

Le Sinn Fein batailla farouchement contre le Traité de Lisbonne


L’Irlande adhéra officiellement en 1973 à la CEE (Communauté Économique Européenne) et fut aussitôt l’objet des sollicitudes empoisonnées des caciques européistes de l’époque. Cette fière nation celte reçut une pluie de subventions européennes afin de l’aider à moderniser son agriculture, ses industries embryonnaires et une économie tertiaire à ses balbutiements. L’objectif initial fut certes atteint, assez rapidement d’ailleurs mais au prix d’une indéniable perte d’identité et d’affadissement de ses divers particularismes. Si la solidarité traditionnelle et communautaire ainsi qu’une forte pratique religieuse persistèrent dans les campagnes et montagnes, elle  s’estompèrent rapidement dans les grandes agglomérations urbaines (Dublin, Cork) au profit d’un individualisme et d’un indifférentisme religieux, destructeurs des corps sociaux. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’Irlande et son dynamisme économique attirèrent des vagues continues d’immigration massive et planétaire (Europe centrale et orientale, Asie du Sud et sud-est, Afrique sub-saharienne avec de nombreux ressortissants nigérians).

Avec l’adhésion de 10 nouvelles nations d’Europe centrale, baltiques et méditerranéennes le 1er mai 2004, les citoyens de la verte Erin commencèrent à percevoir le piège diabolique des technocrates européistes et ultra-libéraux. La manne des diverses subventions européennes fondit comme neige au soleil pour les Irlandais puisque dorénavant la générosité empoisonnée de Bruxelles s’appliquait pour les nouveaux venus. La salutaire prise de conscience du corps électoral  irlandais fut relativement rapide puisque le 12 juin 2008, 53,4 % des électeurs rejetèrent sans ambiguïté ce funeste traité européiste, copie conforme de la “Constitution européenne” concoctée par le fédéraliste Giscard pourtant déjà refusée à deux reprises par les français et néerlandais lors des référendums des 29 mai et 1er juin 2005.

Il faut savoir qu’avec les eurocrates acquis au mondialisme apatride et ultra-libéral, un “non” équivaut à un oui car dans l’hypothèse la moins favorable les électeurs auraient mal compris le texte et pour l’explication la plus favorable, ces mêmes citoyens seraient impatients en désirant plus d’Europe ! Comprenne qui pourra la dialectique fumeuse et piégée des petits hommes gris de Bruxelles ! En revanche ce que l’on comprend aisément, c’est qu’en octobre 2009 les électeurs irlandais seront invités à approuver le Traité de Lisbonne dans le cadre d’un référendum biaisé destiné à effacer des mémoires “l’accident de parcours” du 12 juin dernier.


La symbolique résistance tchèque

Malgré sa turcophilie affichée, Vaclav Klaus authentique opposant au totalitarisme communiste est un eurosceptique courageux et convaincu

Malgré sa turcophilie affichée, Vaclav Klaus authentique opposant au totalitarisme communiste est un eurosceptique courageux et convaincu


On sait que le président tchèque Vaclav Klaus est un eurosceptique convaincu même si paradoxalement il se fait le défenseur acharné de la candidature turque au sein de l’Union Européenne. En revanche ce personnage atypique est complètement isolé au sein de la classe politique tchèque puisque le premier ministre Mirek Topolanek et son ministre des Affaires Étrangères Karel Schwarzenberg sont deux européistes convaincus. Cet isolement politique s’est d’ailleurs renforcé le 26 novembre dernier lorsque la Cour Constitutionnelle tchèque (plus haute instante juridique) déclara conforme à la constitution nationale le Traité de Lisbonne. Par cette décision dénuée de toute ambiguïté, la Cour a montré à Vaclav Klaus qu’elle ne tenait absolument aucun compte des longues mises en gardes et avertissement solennels qu’il avait pourtant formulés la veille dans ses propres murs.

Ainsi le processus de ratification parlementaire, jusque là bloquée par les réticences du Président, commence son cours normal. La Chambre basse du Parlement tchèque devrait organiser le vote au cours du mois de février 2009. En l’état actuel des forces en présence, ce vote hivernal devrait être une simple formalité. Par contre la situation se complique au Sénat (chambre haute) où le vote devrait être beaucoup plus serré en raison de l’importance des forces politiques eurosceptiques. Mais normalement le Sénat devrait en fin de compte approuver ce funeste document, qui amenuisera considérablement la souveraineté tchèque comme l’avait expliqué très pédagogiquement Vaclav Klaus devant les hauts magistrats de la Cour Constitutionnelle.

Une fois ratifié définitivement par les 2 Chambres du Parlement tchèque, l’eurosceptique Vaclav Klaus doit symboliquement apposer sa signature afin que Traité soit officiellement entériné. Dès à présent le Président Klaus a solennellement prévenu qu’il ne signerait ce Document qu’après sa ratification définitive par l’Irlande. Comme papy fait de la résistance et si on suit attentivement ces différentes péripéties, nous ne sommes pas sortis de l’auberge si bien que le petit joujou européiste de Sarkozy, signé en grande pompe à Lisbonne le 13 décembre 2007, n’entrera pas en vigueur avant le début de l’année 2010.

Tant que le Traité de Lisbonne n’est pas définitivement et officiellement ratifié par les 27 États membres de l’UE,  actuellement le Traité de Nice continue de s’appliquer normalement. Signé le 26 février 2001 par les 15 États membres de l’UE et entré en vigueur le 1er février 2003, le Traité de Nice avait été conçu dans la perspective d’un élargissement progressif de l’UE, évalué à 27 nations en 2007. On se souvient d’ailleurs que consultés par référendum les électeurs irlandais l’avaient vertement rejeté en juin 2001 avant de l’approuver massivement lors d’un second référendum. Comme quoi, l’Histoire se mord la queue !

Il faut garder à l’esprit que les 6 mois de présidence française de l’Union Européenne s’achèvent le 31 décembre et que dès le 1er janvier 2009 cette présidence tournante sera exercée officiellement pour 6 autres mois par l’eurosceptique Vaclav Klaus.

Publié dans Euro-mondialisme

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