OTAN : portrait de son nouveau secrétaire général Anders Fogh Rasmussen

Publié le par Jerome moreno herrero

49e premier ministre du Danemark (27 novembre 2001-5 avril 2009), Anders Fogh Rasmussen est un européiste libéral et un américano-mondialiste

49e premier ministre du Danemark (27 novembre 2001-5 avril 2009), Anders Fogh Rasmussen est un européiste libéral et un américano-mondialiste

 

Lors du Sommet de l’OTAN à Strasbourg-Kehl le 4 avril 2009, le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen a succédé au néerlandais Jaap de Hoop Scheffer au poste stratégique de secrétaire général de l’OTAN. Premier ministre libéral du royaume danois depuis le 27 novembre 2001, il démissionna de son poste le 5 avril et assurera officiellement ses nouvelles fonctions à partir du 1er août 2009.

Qui est réellement Anders Fogh Rasmussen ? Réponse : un libéral atlantiste assez caricatural !


Rasmussen : politique intérieure marquée par un libéralisme prononcé

Né le 26 janvier 1953 à Ginnerup, Anders Fogh Rasmussen étudia l’économie à l’Université et parle couramment l’anglais et le français. Il devint député à l’âge de 25 ans en 1978. Il occupa plusieurs postes ministériels au sein du gouvernement conservateur dirigé par Poul Schlüter (1982-1993). Il milita au sein de Venstre, Danmarks Liberale Parti (Gauche, Parti libéral du Danemark) et en devint président en 1998. Ce mouvement centriste appartient conjointement au Parti Européen des Libéraux Démocrates (groupe ADLE à Strasbourg) et à l’Internationale Libérale. Aux élections législatives du 13 novembre 2007, Venstre a recueilli 26,3 % des suffrages exprimés (908.882 voix) soit 46 députés au Folketing (Parlement danois).

Dans le cadre de la campagne législative de 2001, il dirigea une coalition de centre-droit constituée de Venstre, du Parti Conservateur du Peuple (Det Konservative Folkepart). Après le succès de sa coalition aux élections législatives, Anders Fogh Rasmussen devint le chef du gouvernement danois le 27 novembre 2001. Signalons que sa coalition gouvernementale libérale-conservatrice est soutenue au Folketing par le puissant Parti du Peuple Danois (Dansk Folkeparti, 3e groupe parlementaire) dirigée par Pia Kjæsgaard (proche du néerlandais islamophobe et anti-FN Geert Wilders). Lors des élections législatives du 13 novembre 2007, le Parti du Peuple Danois obtint 13,8 % des suffrages exprimés (478.638 voix) soit 25 députés contre 24 dans l’assemblée précédente. Au Parlement européen, ce mouvement “eurosceptique” siège avec les villiéristes du MPF au sein du groupe technique de l’Union pour l’Europe des Nations (Indépendance et Démocratie).

En phase avec le Parti du Peuple Danois depuis 2001, Rasmussen a adopté plusieurs mesures drastiques et restrictives à l’égard des demandeurs d’asile et des mariages illégaux. Sa politique d’immigration concernait les pays extérieurs à l’Espace Économique Européen (EEE).

De même, Rasmussen défend la libéralisation de l’économie, les privatisations et opte pour un gouvernement restreint. Auteur de plusieurs ouvrages économiques sur la taxation et politiques sur la structure gouvernementale, sa mesure phare fut le gel du taux d’imposition. Malgré la baisse de certaines taxes, certains ministres conservateurs avaient réclamé maintes fois davantage de baisse fiscale.

Rasmussen fut l’auteur d’une importante réforme administrative qui aboutit à la diminution du nombre de communes et au remplacement des 13 anciens comtés par 5 nouvelles Régions. Avec sa démission du 5 avril, une réforme de la police et du système judiciaire est resté en suspens.

 

Rasmussen : atlanto-mondialiste et principal soutien de G.W. Bush

Si Anders Fogh Rasmussen ne chôma pas sur le plan de la politique intérieure, il s’impliqua davantage en politique extérieure et internationale. À l’issue de la présidence danoise de l’Union Européenne (1er juillet-31 décembre 2002), il organisa un important sommet européen qui valida l’élargissement de l’UE aux pays de l’Europe centrale, balkanique et baltique. 10 pays d’Europe méditerranéenne, centrale et baltique intégrèrent l’UE le 1er mai 2004 tandis que la Roumanie et la Bulgarie rejoignirent l’UE le 1er janvier 2007. À l’instar de l’ineffable François Bayrou, notre homme est donc un européiste libéral convaincu.

Mais l’histoire retiendra avant tout qu’avec l’ancien Premier ministre conservateur espagnol José-Maria Aznar (1996-2004), Rasmussen fut très proche de l’ancienne administration Bush (2001-2009) et un chaud partisan de la seconde guerre d’Irak en 2003. En plus d’être un européiste libéral, Rasmussen est un farouche défenseur des conceptions américano-mondialistes.

Ainsi, il soutint ouvertement la détention des terroristes islamistes dans le camp de concentration US de Guantanamo (Cuba) et rompit la politique de neutralité sur le plan de la Défense en envoyant en Irak des troupes danoises. En effet, depuis près de 100 ans le Danemark ne s’était jamais impliqué dans un conflit extérieur (non engagement, non intervention) même si ce petit pays scandinave avait été un des membres fondateurs de l’OTAN le 4 avril 1949..

Sous son gouvernement, le Danemark fut même l’un des premiers pays à envoyer des troupes en Afghanistan (ISAF, sous commandement international des USA et de l’OTAN). Rapportée à la population du Danemark, le contingent danois est le premier pour sa contribution au sein de l’ISAF sur le théâtre afghan. Malheureusement, le Danemark est également en tête pour les pertes en vie humaine si on se réfère à sa population totale.

Avec le soutien de la France (Sarkozy et le bouillant Kouchner), de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, Anders Fogh Rasmussen succéda au néerlandais Jaap de Hoop Scheffer au poste très convoité de Secrétaire général de l’Alliance atlantique. Alors que ce choix relativement consensuel n’était pas encore officiellement entériné, une polémique éclata avec la Turquie dirigée par Recep Tayyip Erdogan avec les islamistes de l’AKP. Ainsi la Turquie manifesta une certaine réticence à l’égard de cette candidature en raison de la gestion “controversée” (selon Ankara) de l’affaire des caricatures de Mahomet dans un journal danois. D’ailleurs le néo-conservateur Kouchner a jugé cette polémique déplacée et a même affirmé sa non opposition à l’entrée de la Turquie au sein de l’Union Européenne.

Au sujet de la récente déférence de Rasmussen à l’égard de la Turquie devenue subitement conciliante, on relira avec profit l’article de géopolitique de Roland Machefer. Dès que Rasmussen prendra officiellement ses fonctions de secrétaire général de l’OTAN le 1er août 2009, il sera un valet servile de l’impérialisme américain et du mondialisme atlantiste et ultralibéral.

Publié dans Diplomatie européenne

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