Environnement : spectaculaire développement des énergies renouvelables dans le Désert de Gobi et au Xinjiang (Chine)

Publié le par Jerome moreno herrero

Alignements d'éoliennes dans une zone désertique de la province de Gansu (capitale Lanzhou)

Alignements d'éoliennes dans une zone désertique de la province de Gansu (capitale Lanzhou)

 

Bien qu’au niveau mondial la France envoie seulement 1 % de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, Sarkozy et son gouvernement croupion ont arbitrairement décidé d’instaurer la fameuse « taxe carbone ». Loin de répondre à des préoccupations environnementales, cette énième taxe est destinée à renflouer les caisses gouvernementales désespérément vides.

En raison de leurs fulgurantes industrialisations depuis trois décennies, la Chine et l’Inde ont grandement contribué à la dégradation de l’environnement et à l’accroissement de la pollution (désertification accrue et perte irrémédiable de terres arables). Néanmoins, la Chine a pris conscience de ce phénomène négatif, d’ailleurs préjudiciable à son indispensable développement économique. En mars 2005, le président chinois Hu Jintao et son équipe élaborèrent une nouvelle doctrine baptisée « Concept de Développement Scientifique ». Solennellement ratifiée en octobre 2007 lors du XVIIe Congrès du PCC, cette doctrine vise à concilier conjointement l’indispensable développement économique avec l’harmonie sociale et le respect de l’environnement.

Bien que le charbon représente encore 70 % de sa consommation énergétique totale, la Chine a décidé de favoriser les énergies renouvelables : nucléaire, éolienne et solaire. En 2009, les énergies éolienne et solaire connaissent un spectaculaire développement dans le Désert de Gobi (province de Gansu, Mongolie Intérieure) et au Xinjiang.


 

Carte physique des zones montagneuses et désertiques de l'Asie centrale, du Nord-Ouest de la Chine et de la Sibérie méridionale

Carte physique des zones montagneuses et désertiques de l'Asie centrale, du Nord-Ouest de la Chine et de la Sibérie méridionale

 

Brève présentation géographique du Désert du Gobi

Étendu sur 1.295.000 km2 (1.610 km du sud-ouest au nord-est et 800 km du nord au sud), le Désert de Gobi est le plus vaste en Asie et le cinquième au niveau mondial. Délimité au nord par la chaîne de l’Altaï, les prairies et steppes de Mongolie, au sud-ouest par le corridor de Hexi (Gansu) et le Plateau tibétain et au sud-est par la Plaine de Chine septentrionale, le Désert de Gobi s’étend au nord et au nord-ouest de la Chine (Région autonome de Mongolie Intérieure, province de Gansu et Xinjiang septentrional) et au sud de la Mongolie (capitale Ulan Bator).

Composé d’étendues sableuses et surtout pierreuses, ce désert inhospitalier aux températures extrêmes (+47° en été et -25° en hiver) comprend trois différents écosystèmes : les steppes du Gobi oriental (281.800 km2 dans la R.A. de Mongolie-Intérieure et en Mongolie), le Plateau semi-désertique d’Alashan au sud-ouest et le Bassin semi-désertique de Djoungarie (380.000 km2) dans le Xinjiang septentrional, délimité par les chaînes montagneuses de l’Altaï au nord et de Tian Shan au sud.

Le Désert de Gobi progresse à un rythme très inquiétant, notamment sur sa bordure méridionale. Il absorbe annuellement 3.600 km2 de prairies. Exacerbant l’inexorable processus de désertification, les tempêtes de sable se sont intensifiées depuis deux décennies et ravagent l’économie agricole de la Chine. Ce phénomène alarmant est accéléré par des causes strictement humaines (déforestation, surpâturage, épuisement des ressources aquatiques) et non pas par un mythique réchauffement climatique. Afin de juguler l’inéluctable avancée du Désert de Gobi, les autorités chinoises ont conçu un audacieux projet baptisé « Grande muraille verte de Chine  » (Great green wall of China). Composée d’un milliard d’arbres, cette ceinture verte s’étirerait sur une longueur de 4.500 km et serait achevée en 2074. En raison de l’érosion des sols, de la pollution croissante, du surpâturage et surtout de la corruption, ce projet pharaonique semble voué à l’échec d’autant plus que 75 % des arbres déjà plantés furent décimés par la sécheresse.

 

Carte administrative du Gansu (capitale Lanzhou) et des provinces, régions autonomes limitrophes

Carte administrative du Gansu (capitale Lanzhou) et des provinces, régions autonomes limitrophes

 

Aperçu géographique de la province de Gansu

Étendu sur 454.000 km2, le Gansu compte 30.711.287 habitants selon le dernier recensement de 2009. Le centre géographique de la Chine se situe dans cette province. Administrativement, le Gansu est délimité au nord-ouest par la la R.A du Xinjiang, au nord par la Mongolie, au nord-est par la R.A. de Mongolie-intérieure, au nord par la R.A. de Ningxia (Hui musulmans), à l’est par le Shaanxi (capitale Xian), au sud par le Sichuan (capitale Chengdu) et au sud-ouest par le Qinghai.

Bâti à 1.600 m d’altitude sur 20 km le long du Fleuve Jaune (Huang He), Lanzhou est la capitale du Gansu (sud-est, 3.310.100 habitants en 2008). Deuxième fleuve chinois (derrière le Yangzi Jiang, 6.380 km) et sixième au niveau mondial, le Huang He (5.464 km) prend sa source dans les Monts Kunlun dans le Qinghai, arrose neuf provinces et se jette dans le Golfe de Bohai.

La population du Gansu comprend 91 % de Han (ethnie majoritaire de la Chine), 5 % de Hui (Han musulmans) et 2 % de Tibétains

Délimité au nord par le Plateau de Mongolie, au sud par les contreforts du Plateau tibétain et à l’est par le fertile Plateau de Lœss, le Gansu est une longue et étroite province dans sa partie centrale (1.500 km de long du nord-ouest vers le sud-est et moins de 100 km de large). L’altitude moyenne du Gansu dépasse les 1.000 mètres sur plus de la moitié du territoire. Extrêmement montagneuse, sa partie méridionale comprend notamment la chaîne de Qilian (limitrophe avec la province de Qinghai). Culminant à 5.547 mètres, le Mont Qilian constitue le sommet du Gansu. En revanche, sa partie septentrionale est plate et englobe une partie du Désert de Gobi.

Naguère emprunté par la Route de la Soie (Antioche-Xian), le Corridor de Hexi forme toujours un axe géostratégique et commercial majeurs. Long de 1.000 km, cet étroit passage constitue l’unique débouché naturel de la Chine vers le Xinjiang et l’Asie centrale. Abritant de nombreuses oasis très fertiles, le Corridor de Hexi se forme près de Lanzhou et s’achève à la Porte de Jade à proximité des frontières provinciales du Gansu et du Xinjiang. Situé dans sa partie la plus occidentale, Dunhuang (130.933 habitants) est une ville oasis connue mondialement pour ses inestimables découvertes archéologiques (Grottes de Mogao) et son incomparable patrimoine historique et culturel. Situé à 6 km au sud-ouest de la ville oasis de Jiayuguan (127.532 habitants) et construit sur un col dans la partie la plus étroite du Corridor de Hexi, le Fort de Jiayuguan forma le premier dispositif occidental de la Grande Muraille de Chine et constitua à ce titre un verrou stratégique vers l’Asie centrale.

 

Lanzhou_Skyline_2009

Panorama nocturne de l'agglomération urbaine de Lanzhou (capitale du Gansu) et du Fleuve Jaune (Huang He)

 

Situé dans la partie la plus étroite du Corridor de Hexi (Gansu occidental), le Fort de Jiayuguan constitue le plus ancien dispositif occidental de la Muraille de Chine

Situé dans la partie la plus étroite du Corridor de Hexi (Gansu occidental), le Fort de Jiayuguan constitue le plus ancien dispositif occidental de la Muraille de Chine

 

Gansu : Plus grand complexe éolien mondial à Jiuquan et développement de l’énergie solaire à Dunhuang

En raison de ses caractéristiques géographiques et climatiques, le Désert de Gobi est balayé toute l’année par de puissants vents. En août 2009, la construction du plus grand complexe éolien mondial a débuté près de la ville de Jiuquan (district de Guazhou, préfecture de Jiuquan, Gansu occidental). Lors de sa mise en service prévue en 2015, ce champ éolien sera en mesure de générer une puissance de 12,71 GWh. Ce complexe sera alors le premier au niveau mondial à délivrer une puissance supérieure à 10 MWh.

Sa production annuelle d’électricité est évaluée à 29,23 TWh, soit près du tiers de celle du Barrage des Trois-Gorges sur le Yangzi Jiang (6.380 km, plus long fleuve d’Asie et 3e au niveau mondial derrière l’Amazone et le Nil, source à 5.042 m dans le sud-ouest du Qinghai et embouchure au nord de l’agglomération de Shanghaï). Construit en amont de Yichang (Hubei occidental), les Trois-Gorges constituent le plus vaste barrage hydroélectrique mondial (longueur : 2.335 mètres, hauteur : 100 m, réservoir : 1.084 km2, puissance :  84,7 TWh). Ainsi, ce champ éolien permettra l’économie de près de 10 millions de tonnes de charbon et la réduction de dizaines de milliers de tonnes de particules et de gaz à effet de serre.

 

Ville oasis commerciale du Gansu occidental, Dunhuang est cerné dès sa périphérie par de hautes dunes de sable

Ville oasis commerciale du Gansu occidental, Dunhuang est cerné dès sa périphérie par de hautes dunes de sable

 

La préfecture de Jiuquan possède des ressources uniques dans le domaine éolien tandis que le district de Guazhou est surnommé « l’entrepôt mondial du vent ». Selon un responsable préfectoral chargé de l’énergie, la capacité des complexes éoliens exploitables s’élève à 40 GWh.

Situé à l’extrémité occidentale du Gansu, Dunhuang est une ville oasis commerciale naguère à la jonction de deux pistes caravanières de la Route de la Soie. La construction d’installations photovoltaïques dotées d’une puissance de 10 MWh et connectées au réseau électrique a démarré fin août 2009 à l’extérieur de l’agglomération de Dunhuang dans le Désert de Gobi. Une deuxième installation similaire en puissance sera installée à proximité fin 2009. Ces deux complexes solaires généreront annuellement une production électrique supérieure à 30 GWh.

Selon d’ambitieux objectifs énergétiques encouragés par le gouvernement local, les centrales photovoltaïques auront une capacité totale de 750 MW. À court terme, Dunhuang se métamorphosera en « ville pilote de la production d’électricité photovoltaïque dans le désert de Gobi ».

 

Carte de la Route de la Soie en Asie centrale et en Chine occidentale. De Kashgar à l'ouest à Dunhuang à l'est, deux itinéraires commerciaux contournent au nord et au sud l'aride Désert de Taklamakan

Carte de la Route de la Soie en Asie centrale et en Chine occidentale. De Kashgar à l'ouest à Dunhuang à l'est, deux itinéraires commerciaux contournent au nord et au sud l'aride Désert de Taklamakan

 

Xinjiang : développement embryonnaire des énergies éolienne et solaire

Naguère traversé par la Route de la Soie (Turfan, Aksu, Kashgar), la Région Autonome de Xinjiang mise également sur les énergies renouvelables (éolienne, solaire). Aménagée dans la grande banlieue d’Ürümqi, la centrale éolienne de Dabancheng fait désormais partie des dix sites touristiques incontournables de la capitale du Xinjiang. Sur un gigantesque panneau jouxtant l’autoroute reliant Dabancheng à Ürümqi, l’automobiliste ou le touriste de passage lit le texte suivant : « les ressources pétrolières de la planète ne peuvent être utilisées que pour encore 40 ans. Le problème de l’énergie concerne la survie et le développement de l’humanité dans les prochaines décennies ».

Étendu sur 337.000 km2 (1.000 km d’ouest en est et 500 km du nord au sud) dans la Région Autonome de Xinjiang, le Désert de Taklamakan (surnommé « la mer de la Mort ») est délimité par les chaînes montagneuses de Tian Shan au nord, du Pamir à l’ouest, de Kunlun au sud et s’ouvre à l’est sur le Désert de Gobi. Désert essentiellement sableux et pierreux, le Taklamakan est jonché par de nombreuses dunes de plus de 40 mètres de hauteur.


Carte topographique du Bassin du Tarim (400.000 km2, 1.000 d'ouest en est et 400 km du nord au sud). Long de 2.030 km, le Tarim disparait dans le marécage salé de Lop Nor

Carte topographique du Bassin du Tarim (400.000 km2, 1.000 km d'ouest en est et 400 km du nord au sud). Long de 2.030 km, le Tarim disparait dans le marécage salé de Lop Nor

 

En raison de sa situation extrêmement continentale en Asie centrale et de sa relative proximité avec les masses d’airs glaciales de la Sibérie, ce désert dénué de toute vie animale présente des conditions climatiques extrêmes (-40° en hiver et +50° en été). Durant les terribles tempêtes hivernales de 2008 (25 janvier au 6 février 2008), le Désert de Taklamakan fut recouvert dans son intégralité par une fine couche de neige de 4 cm d’épaisseur.

En pente descendante de l’ouest vers l’est, le Désert de Taklamakan occupe la quasi-intégralité du Bassin du Tarim (400.000 km2, 1.000 km d’ouest en est et 400 km du nord au sud). Long de 2.030 km, le Tarim est un fleuve peu profond dont les eaux boueuses se perdent dans l’immense marécage salé de Lop Nor (780 m, sud de Turfan).

Le Désert de Taklamakan est bordé par de nombreuses villes oasis sur ses périphéries septentrionale (Turfan), méridionale (Kasghar, Yarkand, Khotan) et orientale (Dunhuang). En raison de son caractère extrêmement inhospitalier, les caravanes commerciales de la Route de la Soie empruntaient soit les itinéraires septentrional et méridional. Situé à 1.300 m d’altitude, Kasghar était situé à la jonction occidentale de ces deux itinéraires qui se rejoignaient à l’est à Dunhuang.

 

Elaborée par les Universités américaine de Harvard et chinoise de Tsinghua, cette carte scientifique illustre les taux d'efficacité pour les grands complexes éoliens

Élaborée par les Universités américaine de Harvard et chinoise de Tsinghua, cette carte scientifique illustre les taux de capacité pour les grands complexes éoliens

 

Avantages et inconvénients des énergies renouvelables en milieu désertique

À la lumière de ces brèves présentations géographique et climatique, les Déserts de Gobi et de Taklamakan offrent des opportunités exceptionnelles pour les énergies renouvelables. Le développement de ces énergies propres est spectaculaire dans le Gansu qui ambitionne désormais d’édifier une capitale de « l’énergie verte » dans le Corridor de Hexi.

Voici les trois principaux avantages des énergies éolienne et solaire en milieu désertique : elles sont inépuisables (ensoleillement et vents permanents), n’occupent aucune surface agricole cultivée et par conséquent ne nécessitent aucun déplacement forcé de populations rurales contrairement à la construction du Barrage des Trois Gorges. Même si leur esthétique est fort discutable, ces éoliennes n’enlaidissent pas trop ces paysages désertiques mornes contrairement à la France  (cf Mont Saint-Michel) ou dans d’autres pays d’Europe.

On relève deux inconvénients majeurs (coût extrêmement élevé, instabilité et rigueur climatiques) qui freinent le développement de cette industrie novatrice. La préfecture de Jiuquan a émis des inquiétudes sur le transport très onéreux de l’électricité de l’ouest vers le centre et les régions industrialisées de la façade orientale (Municipalités autonomes de Pékin et Tianjin, provinces de Hebei, Shandong, Jiangsu, zone portuaire de la municipalité autonome de Shanghaï, provinces de Zhejiang, Fujian, Guangdong, RAS de Hong-Kong et Macau).

Par conséquent, les autorités préfectorales de Jiuquan se battent avec acharnement pour attirer sur leur territoire de grandes entreprises peu polluantes et peu consommatrices en eau. En utilisant sur place l’électricité produite par les complexes éoliens et solaires, ces entreprises joueront donc un rôle capital dans le processus encore embryonnaire du développement économique et industriel de la Chine occidentale. Par conséquent, l’exploitation industrielle des énergies renouvelables dans le Gansu et le Xinjiang favorisera la prospérité économique et commerciale de ces territoires excentrés et situés aux marches de l’Eurasie continentale au carrefour de l’Occident et de l’Orient.

Publié dans Chine-Asie du sud-est

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